Addiction au cannabis
Dernière modification : 04.10.2021
Produit extrait du chanvre, le cannabis est utilisé pour ses effets psychoactifs et thérapeutiques. Il se présente sous diverses formes, herbe, haschisch, huile ou comestible.
Sémiologie
Les effets d'une intoxication aiguë (ou « ivresse cannabique ») sont variables d'un sujet à l'autre :
Plan neuropsychique :
- euphorie en général modérée, sentiment de bien-être voire une sédation,
- troubles du jugement, anxiété, idées de références (« effet parano »),
- sensation subjective de ralentissement du temps ou modifications des perceptions sensorielles, hallucinations ,
- altération de la coordination motrice, troubles de l’équilibre, trouble de la mémoire à court terme et troubles de l’attention.
Plan physiologique :
- hyperhémie conjonctivale,
- augmentation de l’appétit,
- sensation de bouche sèche,
- tachycardie.
Le syndrome d’intoxication chronique se caractérise par :
- une altération des performances cognitives (troubles de la mémoire, troubles des fonctions exécutives et difficultés attentionnelles),
- un « syndrome amotivationnel » qui est une indifférence affective, un désinvestissement des relations sociales, une baisse des performances au travail ou à l’école.
L'usage à risque de cannabis est tout usage de cannabis.
Le risque de conséquences négatives en terme de santé est fonction de :
- la précocité de début d'usage (initiation avant 18 ans),
- la vulnérabilité de l'individu à certains troubles psychiatriques (en cas d'antécédents familiaux de troubles psychotiques notamment), ou les femmes enceintes,
- un fort taux de THC,
- le mode de consommation (cannabis fumé, associé à la consommation de tabac, inhalations),
- la fréquence et la sévérité de la consommation (notamment quotidienne).
Parmi les troubles liés à l'usage de cannabis on distingue :
- l' usage nocif ,
- la dépendance .
Le syndrome de sevrage au cannabis se caractérise par :
- une irritabilité, une agressivité,
- une anxiété, nervosité,
- une impatience, une incapacité à rester en place,
- une humeur dépressive,
- des troubles du sommeil ( insomnies , cauchemars),
- une diminution de l’appétit ou une perte de poids,
- des signes physiques comme des douleurs abdominales voire des vomissements, des tremblements, une sudation excessive, une fièvre, des frissons, des céphalées.
Complications
Psychiatriques :
- Troubles psychotiques
- Troubles anxieux
- Troubles de l' humeur (trouble dépressif, trouble bipolaire).
En plus des symptômes psychiatriques, comme les hallucinations, qui peuvent être induits par la consommation de cannabis, il existe un sur-risque de développer des troubles psychiatriques, principalement chez des sujets vulnérables (antécédents personnels ou familiaux psychiatriques). Le cannabis apparaît comme un facteur précipitant de l'entrée dans la maladie.
Non-psychiatriques :
- Pulmonaires (activité bronchodilatatrice immédiate et transitoire, bronchite chronique, cancer broncho-pulmonaire),
- Cardiovasculaires (augmentation du débit cardiaque et cérébral, hypotension artérielle, vasodilatation périphérique, bradycardie, artériopathie type maladie de Buerger, Syndrome coronarien),
- Carcinogénicité (cancers des voies aérodigestives supérieures (association au tabac), cancers broncho-pulmonaires),
- Ophtalmologiques (photosensibilité, hyperhémie conjonctivale, mydriase inconstante),
- Traumatologiques (troubles de la coordination motrice, accidentogène (association à l’alcool)).
Évaluation
Évaluer la consommation :
- quantité hebdomadaire,
- fréquence hebdomadaire,
- autres substances consommées (alcool, médicaments, autres drogues)
Dépister les complications et comorbidités.
Conduite à tenir
Toute consommation de cannabis doit faire adresser à un addictologue :
- favoriser l'alliance thérapeutique, d'impliquer l'entourage si possible,
- intervention brève pour rappel des risques de l'usage (éviter produit à fort taux de THC, le cannabis fumé ou inhalé profondément, l'association à l'alcool, les cannabinoïdes de synthèse, la conduite automobile).
- informer les sujets vulnérables sur le risque de développer un trouble psychotique.
- information sur les ressources et lieux d'aides disponibles,
- prise en charge des comorbidités psychiatriques et non psychiatriques.
- jeune adulte, adolescent présentant des symptômes psychotiques
La stratégie est celle de la réduction des risques et des dommages.
Interventions psychosociales :
- Entretien motivationnel.
- Thérapie cognitive et comportementale pour la prévention des reprises du mésusage .
Traitement médicamenteux :
- Le traitement de l’intoxication aiguë ou du sevrage en cannabis est symptomatique (anxiolytiques, anti-émétiques, antalgiques non-opioïdes),
- il n'existe aucun antidote spécifique du surdosage en cannabis.
- Aucun médicament n'a d'autorisation de mise sur le marché en France pour le traitement de l' usage nocif et de la dépendance
Les traitements par benzodiazépines sont à éviter.
Références
AESP, CNUP, & CUNEA. (2021). Référentiel de Psychiatrie et Addictologie (3e édition conforme au nouveau programme) Psychiatrie de l’adulte. Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Addictologie (Presses Universitaires François Rabelais).
The Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (5th ed.; DSM–5; American Psychiatric Association [APA], 2013).