Intoxication par une substance
Dernière modification : 04.10.2021
Ensemble de signes traduisant une exposition aigüe à une substance psychoactive (alcool, drogues, médicaments psychoactifs).
Sémiologie
Elle dépend de la ou des substances consommées et peut concerner tous les organes et fonctions.
En pratique, il faut distinguer les symptômes liés directement aux effets du toxique et ceux dus aux complications non spécifiques (coma post-anoxique, syndrome d'inhalation trachéo-bronchique, atélectasie).
Les troubles neurologiques centraux sont très fréquents. Les particularités du coma toxique sont :
- l'absence de signes de localisation, sauf antécédents neurologiques avec séquelles ;
- la profondeur variable selon la dose et le délai depuis l'exposition, à évaluer par l'échelle de Glasgow ;
- la réversibilité sans séquelles en l'absence de lésions anoxiques ou de complications.
Autres atteintes : système nerveux autonome, troubles respiratoires, troubles cardiocirculatoires, troubles digestifs…
Voir les fiches correspondantes :
Les effets sont dose-dépendant et dépendent de la vulnérabilité individuelle.
Étiologie
- Les tentatives de suicide constituent la majorité des intoxications de l'adulte (≈ 90 %) et sont plus fréquentes chez les femmes (≈ 60 %). Les médicaments sont en cause dans 85 % des cas.
- Trouble de l'usage de substance
- Autres causes : intoxication accidentelle, professionnelle, erreur thérapeutique, criminelles
Diagnostic positif
Il est clinique.
L'analyse toxicologique a un intérêt diagnostique certain. Cependant, si le diagnostic est évident (histoire, symptomatologie), elle n'est pas indispensable sauf si elle a un intérêt pronostique, thérapeutique ou médico-légal.
Critères d'intensité
L'évaluation de la gravité est une étape fondamentale puisqu'elle détermine en grande partie la stratégie thérapeutique et la surveillance.
L'intoxication est un phénomène dynamique dépendant de la cinétique et de la toxicodynamie du toxique. Il faut distinguer la gravité momentanée de l'intoxication, la gravité potentielle et le pronostic.
La gravité dépend de nombreux facteurs qui sont intriqués : le toxique et son mécanisme de toxicité, les symptômes, les données analytiques, le type d'intoxication et le terrain.
Les effets peuvent être potentialisés en cas d'ingestion de plusieurs toxiques ayant des effets synergiques : par exemple, alcool et psychotropes, association de plusieurs cardiotropes.
Évaluation
Le diagnostic est fondé sur l'anamnèse, les toxidromes, les examens complémentaires simples (biologie et ECG), l'analyse toxicologique ciblée et d'éventuels tests thérapeutiques.
L'évaluation de la gravité doit prendre en compte la nature, la dose et le mode d'action du toxique, des critères cliniques (coma mais surtout défaillance respiratoire ou cardiovasculaire) et paracliniques, le terrain et les associations de toxiques.
Conduite à tenir
Pour toute intoxication, en cas de doute concernant la nature du toxique, sa composition, sa toxicité et les traitements spécifiques, il convient d'appeler un centre antipoison qui pourra fournir les renseignements adéquats.
Quand hospitaliser ?
- Si critères de gravité immédiate ou potentiels
- en cas d'intoxications volontaires en raison de leur gravité potentielle (liée à la dose importante souvent ingérée) et du contexte avec possibilité de récidive immédiate. Les intoxications volontaires nécessitent une évaluation psychiatrique.
Quelle prise en charge médicale préhospitalière ?
- le traitement est symptomatique
- monitoring des paramètres vitaux si nécessaire (fréquence respiratoire, fréquence cardiaque, pression artérielle, SpO2 et diurèse)
- réalisation du bilan initial (examens biologiques, ECG, analyse toxicologique si nécessaire)
Les antidotes utilisables en urgence sont peu nombreux.
- solutés glucosés pour les hypoglycémiants,
- naloxone pour les opiacés,
- oxygène pour le monoxyde de carbone,
- atropine pour le syndrome cholinergique,
- flumazénil pour les benzodiazépines,
- hydroxocobalamine pour les cyanures.
Ces traitements ne nécessitent pas une certitude diagnostique si la symptomatologie est compatible avec le diagnostic suspecté et ils doivent être mis en route à la phase préhospitalière si nécessaire.
Voir aussi la fiche risque suicidaire.
Références
Collège des enseignants de médecine intensive-réanimation. (2018). Médecine intensive, réanimation, urgences et défaillances viscérales aiguës. Elsevier Masson.