Sévices et négligences sur un enfant
Dernière modification : 04.10.2021
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, la maltraitance de l’enfant s’entend de toutes les formes de mauvais traitements physiques et/ ou affectifs, de sévices sexuels, de négligence ou de traitement négligent, ou d’exploitation commerciale ou autre, entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de l’enfant, sa survie, son développement ou sa dignité dans le contexte d’une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir.
Sémiologie
Y penser souvent :
- la maltraitance chez l’enfant est plus fréquente qu’on ne le croit ;
- elle existe dans toutes les classes sociales ;
- il faut y penser en consultation même devant des signes non spécifiques.
Ne pas rester seul face au doute et savoir se faire aider.
Protéger l’enfant est un acte médical et une obligation légale le médecin ou un autre professionnel de santé n'a pas à être certain de la maltraitance, ni à en apporter la preuve pour alerter l’autorité compétente.
Les situations associées à un risque de maltraitance sont en particulier :
chez l’enfant :
- la prématurité,
- des troubles du développement et/ou du comportement,
- le handicap ;
chez les parents :
- tout événement qui peut rendre difficile l’attachement précoce avec le nouveau-né (séparation néonatale,dépression du post-partum, etc.),
- des antécédents personnels de violences subies dans l’enfance,
- des violences conjugales,
- des addictions,
- l’isolement social et surtout moral,
- des troubles psychiatriques
Une maltraitance est à évoquer :
- chez le nourrisson : en cas de pleurs rapportés comme inconsolables par les parents qui se disent nerveusement épuisés ;
- à tout âge devant
- des faits de maltraitance d’un enfant, ou d’un adolescent, révélés par lui-même, par un parent ou par un tiers,
- une lésion pour laquelle : il y a une incohérence entre la lésion observée et l'âge, le niveau de développement de l'enfant, le mécanisme invoqué, l’explication qui est donnée change selon le moment ou la personne interrogée,
- un retard de recours aux soins,
- des plaintes somatiques récurrentes sans étiologie claire (douleurs abdominales, céphalées),
- des antécédents d’accidents domestiques répétés,
- une ou plusieurs tentatives de suicide ,
- des fugues et conduites à risque,
- une chute des résultats scolaires voire une déscolarisation,
- des faits de maltraitance dans la fratrie.
L'examen clinique sera centré sur la recherche
- de symptômes physiques (ecchymoses, brulures, fractures, douleurs abdominales chroniques, blessures de la cavité buccale, lésions viscérales, morsures),
- des signes de négligence lourde
- des signes de maltraitante psychologique
- de signes émotionnels et comportementaux (modification du comportement, cauchemars, troubles du sommeil, troubles du comportement alimentaire, opposition, agressivité ou gentillesse excessive, labilité, imprévisibilité du comportement et de l'état émotionnel),
- des signes comportementaux de l'entourage (parent ou adulte intrusif, indifférent, ayant une proximité corporelle exagérée ou inadaptée, refus de soins ou appliquant des régimes alimentaires sources de carences, minimisation ou banalisation des symptômes de l'enfant, attitude d'hyper-recours aux soins…)
La violence conjugale, lorsqu’elle est intense et durable, doit être considérée comme un signe d’une situation possible de maltraitance directe de l’enfant.
Évaluation
Examen physique de l'enfant ou de l'adolescent.
Il est recommandé de s’entretenir avec la famille ou l’entourage, en posant des questions ouvertes, sans porter de jugement. L’objectif est de recueillir des informations concernant :
- les antécédents médicaux personnels et familiaux ;
- les événements de vie qui ont pu affecter l’enfant ;
- le comportement habituel de l’enfant,
- l’environnement dans lequel il vit ;
- l’environnement familial (nombre d’enfants, y compris les 1⁄2 frères et sœurs ; stabilité du couple, règles éduca-tives ; conflits ; violences conjugales ; antécédents de maltraitance dans l’enfance des parents) ;
- la relation parent-enfant (favorable, hostile ou indifférente).
Il est recommandé d’avoir un entretien seul avec l’enfant dès que son âge le permet et avec son accord, et de :
- débuter l’entretien par des questions d’ordre général (relatives à l’école, à ses conditions de vie à la maison, ses loisirs, ses relations avec sa famille, ses copains) ;
- laisser l’enfant s'exprimer spontanément, en évitant de reformuler ou d’interpréter ses propos, en respectant les silences et en privilégiant les questions ouvertes, en lui montrant qu’on croit sa parole.
L’objectif est de préciser l’origine des lésions observées, de rechercher d’éventuelle discordances entre les lésions observées et les explications données.
Conduite à tenir
Consigner les données dans le dossier du patient. Les diverses lésions peuvent être retranscrites sur un schéma. Elles devraient être, dans la mesure du possible, photographiées.
Attention à retranscrire les propos de l’enfant et de la famille mot pour mot, entre guillemets, tels qu’ils ont été entendus ou observés, en évitant tout commentaire, interprétation ou appréciation personnelle.
Dans le carnet de santé (outil de liaison entre les différents professionnels de santé) ne sont reportées que les données objectives relatives au développement de l’enfant et à la pathologie observée.
Hospitalisation en urgence :
- lorsque l’enfant est un nourrisson ;
- lorsqu’il existe un risque médical important, voire vital ;
- lorsque la mise à l’abri de l’enfant est nécessaire.
Informer le procureur de la République :
- par téléphone et adresser le signalement par fax et courrier en gardant une copie.
- Le signalement est réalisé, après concertation, soit par le médecin qui adresse l’enfant, soit par l’hôpital.
En dehors des situations d’urgence :
- Compte tenu de la complexité des situations d’enfants en danger et en risque de danger, les réflexions doivent se faire de façon collégiale avec notamment le médecin scolaire et/ou le médecin de PMI.
- Ces situations relèvent de la compétence du conseil général et doivent faire l’objet d’une « information préoccupante » transmise à la cellule départementale de recueil d’évaluation, et de traitement des informations préoccupantes (CRIP) par téléphone et fax/mail et/ou courrier.
- La CRIP a également un rôle de conseil pour les professionnels lorsqu’ils sont dans le questionnement et le doute à propos de la situation d’un enfant.
Quel que soit le degré d’urgence, informer les parents de ses inquiétudes par rapport à l’enfant sauf si cela est contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant.